Tournois n°1

Les hurlements de la foule viennent à mon oreille, lointains. J’écoute les battements de mon cœur emplissant ma tête. Le noir. La paix. Mais derrière cette grille se trouve l’arène pleine de sable où m’attend mon premier adversaire. L’arène où m’attendent toutes les races réunis. Quelle étrange sensation…J’ai l’impression que mon avenir est tout tracé, que le chaos viendra attraper toutes ces âmes jouissant de cette journée ensoleillée sans se douter de ce qui arrivera dans quelques instants. N’est-ce pas barbare que d’observer des gens s’entretuer, se battre jusqu’au sang ? Pourquoi trouvent-ils fascinant d’observer des gens se battre…Et surtout, pourquoi hurlent-ils lorsque l’un d’eux est au point de tuer l’autre ? Ils veulent la mort, oui, la mort du faible au profit du fort. C’est la nature humaine qui veut ça. Et je ne l’accepte pas, cette nature humaine, au contraire, je la renie au point de lui tourner le dos pour l’insensibilité.

Mes yeux pourpres reflètent le peu de lumière arrivant par les barreaux de la porte. Je frissonne. Bien qu’il fasse chaud, mon corps est comme pris de sueurs froides, certainement dues au stress. Alors je ressens encore des émotions, malgré ce reniement de tout. Mais il n’y a pas d’espoir. Si je participe à ce tournoi, ce n’est pas pour moi-même, mais par ordre de Xanto. Si je gagne, cela ne m’apportera rien sauf des problèmes. Et quels problèmes...Si on connaît ma véritable identité, je serais pendue haut et court. Et pourtant, ce n’est pas de cela que j’ai peur. La Mort…C’est le sommeil en quelque sorte, n’est-ce pas ? On ferme les yeux, et les rêves nous emportent plus loin que prévu. Moi, ce sont des cauchemars. Je vois une Midona à l’air froid et supérieur, indignée de savoir que je suis en vie. Puis sa main se lèvera et je mourrais. Je rejoindrais les songes l’esprit empli de remords et de tristesse.

Je fixe un de mes loups composés de lames. Il brille comme milles diamants avec la lumière du soleil. Ses yeux verts regardent le lointain, certainement que lui aussi songe à ce qui va se passer. Vais-je perdre ? Je n’en ai pas le droit. Puis la voix de Midona se fait entendre, et je frissonne encore une fois. Et si elle me reconnaît ? Aucune chance, j’ai trop changé. Alors il va falloir gagner, gagner contre le fiancé de la princesse du Crépuscule. Et j’ai peur, oh que j’ai peur…Arriverais-je à le frapper en observant le regard inquiet de son épouse ? Je devrais, car j’en ai reçu l’ordre.

La porte s’ouvre. Je prends une bouffée d’air avant de bloquer tout mes sentiments, de redevenir la simple marionnette ne ressentant rien, sauf l’absence de tout. Et dans mes pas silencieux, je laisse mes pensées derrière moi, sans remords. Mes yeux d’un pourpre terni reflètent à peine le Dieu Inca tandis que ma peau des plus blanchâtres brille comme un diamant. Mon regard impassible fait penser à celui d’un robot. Et ma veste noire usé et brûlé flotte derrière moi. Ai-je l’air encore d’une gardienne royale ? Non, plutôt d’une bannie. Puis j’écoute les cliquetis derrière moi, de mes deux compagnons composés de lames dont les yeux verts observent la foule. Quel silence…Le Soleil tape sur leurs lames acérées pour le réfléchir sur la foule.

Mon adversaire est devant moi, dans son costume de combat. Bientôt, nos lames se toucheront. Bientôt, nos sangs se mêleront dans une danse macabre, dans la danse des milles morts...

" Selph Faënoctys. Ne vous retenez pas à cause de mon rang, chère adversaire. Je ne suis pas venu pour gagner, mais pour tester les nouveaux prometteurs d'Hyrule. Haha ! Si j'avais voulu gagner, j'aurais dû dans ce cas combattre mon frère, et ça, j'ai déjà à le faire lorsque nous nous disputons un bout de viande où je ne sais quoi... Mais je ne devrais pas vous embêter avec ça. Ah, j'aime discuter, vous m'en voyez désolé. "